Assises de la santé scolaire : notre statut et notre place auprès des élèves sont en danger !




Le SNFOIEN et sa fédération, la FNEC FP FP, se félicitent d’avoir boycotté les assises de la santé scolaire et ainsi d’avoir refusé d’apporter sa caution à ces mesures porteuses de remises en cause de l’indépendance des professionnel·les et du cadre national de nos missions et statuts. 
Par ailleurs, nous refusons de nous associer à des plans déjà bien échafaudés en nous faisant croire à l’organisation d’un dialogue social.

La Ministre BORNE a évoqué un « renforcement des effectifs de INFENES, PSYEN, ASS » mais M.BAYROU, 1er ministre, dans un courrier adressé le 23 avril 2025 aux ministres écrit : « la maîtrise des dépenses de masse salariale doit […] impérativement être renforcée ». Il y a donc fort à croire que, si renforcement il y avait, il serait à la marge. Pour rappel, 95 millions d’euros viennent d’être amputés du budget 2025 de l’E.N dont 35 millions sur la ligne « vie de l’élève » dont dépendent les INFENES et le budget 2026 s’annonce encore plus austère.  Nous n’avons pas besoin de ces assises mais de
16 000 INFENES en plus pour atteindre un minimum nécessaire de 1 INFENES par EPLE et par tranche de 500 élèves dans le 2d degré.
 La première des mesures annoncée est la prévention / détection / promotion de la santé. Quid du travail de suivi que nous faisons au quotidien dans nos
établissements ? Ce n’est pas la priorité, pour nos dirigeants, qui ont d’ autres objectifs :

– La mise en place d’un pôle départemental regroupant les 4 conseillers techniques (ASS, Médecins, Infirmiers et création d’un statut de conseiller technique PsyEN) : c’est l’outil qui servira à imposer aux professionnel·les une feuille de route répondant aux injonctions des ARS ou autres collectivités locales, rompant avec une réponse adaptée aux besoins exprimés par les usagers, aux suivis quotidiens au plus près des élèves et des équipes éducatives ou pédagogiques. Pour le SNFOIEN, nous y sommes farouchement opposés car il s‘agit bien du cheval de Troyes servant à introduire la casse du cadre national, de l’indépendance professionnelle et la porte ouverte à la décentralisation.

-L’intervention prioritaire dans le premier degré : À moyens constants, il s‘agit de redéploiements au détriment des élèves du second degré. Au sujet de la visite médicale de la 6eme année : il y aurait étude des dossiers des élèves par le pôle départemental qui déciderait de l’intervention d’un·e des professionnel·les des 4 corps pour les élèves n’ayant pas de suivi en place. Il y a fort à croire que la constitution du dossier et la majorité des interventions seront demandées aux INFENES, corps le plus important sur le plan numérique. A ce jour, 20 % des visites médicales sont effectuées.

Pour information, des crédits européens LOLF sont versés à la France en fonction du « pourcentage d’élèves ayant bénéficié du bilan de santé à 6 ans ».
M.Bayrou, dans la même lettre aux ministres citée plus haut, indiquait « nous ne pouvons pas renoncer aux fonds européens auxquels nous pouvons prétendre ». Ces éléments permettent de comprendre les critères comptables qui sous-tendent ces décisions plutôt que les besoins des élèves et des agents.   

D’autres décisions ont été énoncées :

– Allégement des visites médicales pour travaux réglementés : 1 seule visite par cycle de formation. C’est la sécurité et la santé des élèves en voie professionnelle qui est mise en danger. L’ANDRH indique que la situation des accidents du travail en France est préoccupante avec plus 710 accidents du travail et près de 800 décès par an. En outre, selon le ministère du travail, en  » 2022, 43 jeunes de moins de 25 ans sont décédés à la suite d’un accident du travail  » et  « les jeunes sont comparativement victimes d’un plus grand nombre d’accidents que leurs aînés ».  Les INFENES, lorsqu’elles ne le choisissent pas dans le cadre de leur suivi, se voient imposées la participation à ces visites médicales dans un contexte de surmenage déjà complexe. 

– Fin de l’avis médical pour les PAP : L’équipe pédagogique repérera et organisera seule les PAP. Il paraît évident que les équipes et les Chefs
d’établissements seront tentés de demander l’expertise des INFENES augmentant les glissements de tâches et de missions déjà souvent présents.

– Pratique mixte EN/Libéral ou EN/hospitalier : Sauf pour les INFENES qui le souhaitent et qui le choisissent, pour beaucoup, cette mesure va ressembler à du « travailler plus pour gagner plus ». Nous revendiquons le compensation des 30 % des pertes de pouvoir d’achat depuis 2000 liées au gel du point d’indice et le versement de la NBI handicap. C’est de cela dont ont besoin les infirmières !

– Concours / Simplification des modalités de recrutement : attention danger ! Le recrutement sur concours est le seul garant d’égalité des candidats et s’oppose au recrutement sur profil, porte ouverte aux rejets « arbitraires » de certains personnels. On notera que Le Ministre de la Santé explique qu’il pouvait comprendre qu’après plusieurs années à l’hôpital avec des conditions très difficiles les IDE puissent vouloir s’orienter vers le scolaire. Il oublie de dire que l’exercice scolaire est aussi très difficile et que certaines INFENES retournent même à l’Hôpital.

– Formation / sensibilisation aux problématiques de santé mentale des équipes et des élèves : Non ce n’est pas aux élèves ni aux enseignants de repérer, de soutenir et d’orienter. La responsabilité de la prise en charge des élèves en souffrance psychique incombe aux autorités : il faut débloquer en urgence des moyens pour la pédopsychiatrie pour en finir avec les listes d’attente. Après avoir organisé la pénurie de médecins partout, notamment dans les établissements scolaires, il faudrait que les non-professionnels de santé et les élèves se chargent de cette mission ?

Notre ministère missionne les professeurs pour l’EVARS, met l’accent sur les partenaires de l’école pour intervenir sur la prévention, systématise les protocoles, demande de former 2 personnels ressources dans chaque EPLE en santé mentale … la stratégie de nous redéployer sur le 1er degré devient une évidence. 

Le MEN veut renforcer la formation des personnels sociaux et de santé avec des capsules vidéo ! Bien que la formation continue soit un droit, nous refusons de laisser croire que les difficultés en lien avec la santé mentale seraient dûes à un manque de formation et de compétences. C’est faux, elles sont liées à un manque de personnels et de moyens. 

 
Les annonces de la Ministre visent à en finir avec le système de la santé scolaire actuel.

La seule solution est de recruter en masse des personnels médicaux /paramédicaux / sociaux et psy et de les revaloriser